Zélie

Photo de Zélie Chanteuse

Crédit photo : Charlotte Steppé

Vendredi 7 juin 2024

Des questions, Zélie en a plein la tête. Comme un tourbillon interminable, celui du début de la vingtaine, abreuvé par «un million de petits chocs». Et un million de prises de conscience, qu’elle découvre au fil de son premier album, aux allures de journal intime réfléchi, rêveur et révolutionnaire. Révolutionnaire, car on la sent cette rage palpable ; celle qui est façonnée par ses dernières lectures féministes. Ce n’est qu’un éveil, et elle le dit d’emblée, humblement. Elle pense déjà à ce qu’elle dira dans cinq, dix ans sur ce sujet.

Mais pour l’instant, cette colère agite ses textes lorsqu’elle parle du Mansplaining incessant des hommes autour d’elle (je suis une femme), des at-tentes de la société sur son corps et son esprit (elle voudrait qu’on l’aime), de la transphobie (le cri). Car c’est ça, «un million de petits chocs» ; les épreuves vécues par une jeune femme de 22 ans ; des épreuves qui auraient pu être traversées par n’importe qui. Et c’est bien la banalité de ce propos, de ce qu’elle vit, qui rend cet opus si uni-versel.

En disant «je», elle dit «nous», elle dit «elles et eux», elle encapsule toute une génération en proie aux mêmes questionnements, aux mêmes quêtes ; elle la capte, sans prétention, cette génération « [qui] a du sens, [qui] face au monde, elle, a choisi d’être honnête ». Elle est là sa force : sa lucidité, claire et affirmée, aiguisée grâce à sa plume concise. C’est ce qui impressionne chez elle, le choix des mots, la justesse du lexique. Elle cible parfaitement, à l’image d’une Emma Peters ou Billie Eilish, qui subliment par des textes brutes et crus, nos émotions.